OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Twitter candidat http://owni.fr/2012/03/08/twitter-candidat/ http://owni.fr/2012/03/08/twitter-candidat/#comments Thu, 08 Mar 2012 18:13:26 +0000 S. Blanc, A. Fradin, M. Boucharlat, J. Kirch http://owni.fr/?p=100789 OWNI de vous fournir une analyse détaillée et détendue des données issues de ces comptes. En quelques infographies. ]]>

Cette année, c’est sûr, la campagne se fera sur le web. Aux dire des communicants qui entourent les candidats, en tous cas. Si en 2007 on a connu les désirs d’avenir participatif de Ségolène Royal, en 2012, c’est sur les réseaux sociaux qu’il faut être. Et les équipes des candidats l’ont compris. Après une timeline Facebook remarquée, Nicolas Sarkozy a débarqué le 15 février sur Twitter dans un grand fracas médiatique.

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

Tous les aspirants-président ayant leur compte sur le réseau social qui permet de partager messages et liens en maximum 140 caractères, nous avons joué avec quelques données pour répondre à une première série de questions. Leurs comptes ont été scrappées à l’aide d’un script en Ruby par @archiloque (Github).

Kiki qu’a la plus grosse quéquette ?

Nous avons scanné le site au petit oiseau bleu quelques jours après l’arrivé remarquée de Nicolas Sarkozy. Notamment pour savoir quel candidat était le plus suivi par ses followers (abonnés). François Hollande était alors largement en tête, et c’est toujours le cas, l’écart s’étant peu resserré : 81 600 followers contre 157 786 followers à l’époque ; 110 600 contre 183 700 désormais.

Pour point de repère, selon une étude datant de 2010, les 3,7% des comptes les plus populaires ont une moyenne de 3 207 abonnés (pour 1 144 abonnements). Barack Obama est quant à lui suivi par 12,85 millions de personne, et Lady Gaga par plus de 20 millions de comptes, mais on s’éloigne du sujet.

L’autoproclamé “geek” @Bayrou est le troisième homme, du moins sur Twitter, avec 75 709 followers. On retrouve derrière une triplette Eva Joly-Dominique de Villepin-Marine Le Pen, dont les followers plafonnenent respectivement à 45 850 followers, 39 668 et 37 270. Dommage que les parrainages ne se ramassent pas autant à la pelle.

Un cran encore en-dessous, se disputent Jean-Luc Mélenchon (18980 followers), Nicolas Dupont-Aignan (14 386 followers) et Corinne Lepage (11985 followers).

Sont complètement dans les choux, Jacques Cheminade, 316 followers et Nathalie Arthaud, 288 followers. Quant à Philippe Poutou, avec ses quelques 1 963 abonnés, il totalise 2,5 fois moins qu’Olivier Besancenot, son prédécesseur, dont le dernier tweet remonte au 5 mars… 2009.

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Kiki qu’a la plus quali ?

Avoir des followers, c’est bien, avoir des followers actifs, c’est encore mieux. Sur Twitter, l’oeuf est le signe qui ne trompe pas. Attribuée comme avatar par défaut, la coquille stylisée indique bien souvent que le compte qui l’arbore est soit un petit nouveau, soit un robot. En bref, un twitto non humain ou un utilisateur mou du tweet. De quoi relativiser les performances ci-dessous.

Reine des oeufs à l’unanimité, Eva Joly, dont la cour à la coque représente 67% de ses abonnés. Pour Marine Le Pen et les deux François en lice, les eggs constituent presque un follower sur deux. La proportion est encore d’un tiers pour Villepin quand Mélenchon, Dupont-Aignan, Arthaud et Sarkozy se contentent d’un quart. Poutou, Cheminade et Lepage ont la couvée la plus infructueuse, avec seulement 15% d’oeufs sur tous les abonnés.

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Twittos dédaigneux et incohérent

À la guerre comme à la guerre, les twittos candidats se suivent très peu les uns les autres. Quatre d’entre eux ne suivent et ne sont suivi par personne. Jacques Cheminade et Nathalie Artaud, de façon logique puisqu’ils n’attirent pas particulièrement l’attention, et Marine Le Pen, pestiférée dans la vie politique comme sur Twitter, ainsi que Nicolas Sarkozy.

Les moins dédaigneux, François Hollande et Dupont-Aignan, ne suivent que trois rivaux. Quant à chercher de la cohérence dans le choix des personnes suivies… François Hollande suit Villepin, Poutou et Dupont-Aignan, Dupont-Aignan suit Bayrou, Corinne Lepage et François Hollande. Eva Joly est quant à elle plus cohérente, puisqu’elle file les tweets de sa rivale écolo Corinne Lepage, ainsi que ceux des deux principaux candidats de gauche, François Hollande et Jean-Luc Mélenchon.

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http://owni.fr/files/2012/03/twittos-2-qui-suit-qui-twitter-presidentielle-candidats-CC-owni-Marion-Boucharlat-gformat.jpg

Les candidats parlent aux journalistes au peuple

Pour aller à la rencontre du peuple, mieux vaut serrer des mains sur les marchés qu’avoir un compte Twitter. C’est ce qui ressort d’une analyse des profils des followers selon deux méthodes : une première sur une série de mots-clés définissant quatre grands familles (info-communication, politique, techno et étudiants) très présentes sur Twitter. Et toutes les bio ont été passées à la moulinette.

Résultat : il y a une dominante de la famille info-communication, ce qui n’est guère étonnant vu que Twitter est surtout utilisé par ce microcosme en France, contrairement aux États-Unis où son usage s’est rapidement démocratisé.

Passés à la moulinette Wordle , les biographies renseignées par les followers des différents candidats laissent apparaître une sémantique propre à chacun. Que nous laissons ouverte à l’analyse et au commentaire !

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Enquête data réalisée par Sabine Blanc et Andréa Fradin avec Julien Kirch au développement et Marion Boucharlat au graphisme /-)
Edition Ophelia Noor et Guillaume Ledit /-)

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Petits partis en ligne http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/ http://owni.fr/2012/02/24/petits-partis-en-ligne/#comments Fri, 24 Feb 2012 17:41:29 +0000 Andréa Fradin http://owni.fr/?p=99685

Nicolas Sarkozy fraîchement débarqué, c’est toute la course présidentielle qui s’est emballée. Une accélération synonyme d’un recentrage médiatique sur les bisbilles occupant le PS et l’UMP. IRL [NDLA : In real life, expression utilisée sur Internet pour qualifier la vie hors du réseau ] comme sur Internet. A l’ombre des deux pachydermes de la vie politique française pourtant, des partis plus modestes tentent de faire émerger d’autres réflexions. Et là aussi, numérique compris.

Pour les petits Poucet de la campagne, le réseau est avant tout une chance de se faire connaître, en marge des médias traditionnels. Loin d’être un enjeu de campagne, Internet représente d’abord un outil de communication. La thématique n’est pas intégrée aux programmes, ou reléguée à l’arrière-plan, à l’instar des favoris de la campagne. Question de priorités. Certains l’investissent néanmoins, conscients du boulevard politique qui s’ouvrent à eux. Sans toutefois envisager sérieusement l’émergence d’une formation politique numérique. OWNI est allé à la rencontre des moins de 3%.

“Internet avant tout comme un outil de communication”

Une campagne pas très net

Une campagne pas très net

Après Facebook, Twitter. Accusée ce week-end d'avoir censuré des comptes parodiant le président sortant, l'équipe de ...

“Les questions sur le numérique, [...] nous les abordons quand on nous demande notre avis sur le sujet.” Chez Lutte Ouvrière (LO), on ne s’en cache pas : Internet ne fait pas partie de ses priorités. Aucune occurrence, ni sur le site de Nathalie Arthaud, sa candidate, ni dans la brochure explicative de son programme. Le parti trotskiste préfère concentrer ses efforts sur des revendications jugées plus “vitales pour les classes populaires” : “l’emploi, le salaire, ou le contrôle sur l’économie”. Même ligne pour l’autre formation d’extrême-gauche en lice, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), qui perçoit “Internet avant tout comme un outil de communication”. “On se demande d’abord comment l’utiliser pour porter nos idées” explique Antoine Larrache, qui s’occupe du volet Internet de Philippe Poutou, le candidat du NPA.

Dominique de Villepin (République solidaire) va plus loin : plus qu’un moyen de communiquer, Internet permet aux petits partis d’exister. “Mon site Internet, mon compte Twitter, ma page Facebook ou ma chaîne Dailymotion me permettent de parler directement aux Français, sans filtre, sans détours – possibilité que les grands médias n’offrent qu’aux deux candidats qu’ils ont décidé de présenter aux Français.” Et de conclure : “c’est une forme de confiscation du débat démocratique.” (lire l’interview dans son intégralité sur son site de campagne)

Lacunaire

Si Internet est avant tout porteur de messages, il n’en reste pas moins un enjeu politique, tempère Antoine Larrache (NPA). “Certes secondaire. Mais il garde une place importante”, assure-t-il.

Préservation de la liberté d’expression, alternative à la loi Hadopi, couverture du territoire en haut et très haut débit : ces trois thèmes reviennent sans cesse chez les outsiders de la présidentielle. Plus ou moins détaillé, plus ou moins étoffé par d’autres propositions sur le numérique, ce trio de sujets est systématiquement repris par les petits candidats. De droite comme de gauche : Philippe Poutou (NPA), Nathalie Arthaud (LO), Dominique de Villepin (République Solidaire), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République), Corinne Lepage (Cap 21) et, en leur temps, Hervé Morin (Nouveau Centre) et Christine Boutin (Parti Chrétien Démocrate) aujourd’hui ralliés à Nicolas Sarkozy ; tous s’attardent ou se sont attardés sur cette poignée d’idées, pour peu qu’on ait ouvert le débat numérique avec eux.

Hadopi en sursis

Hadopi en sursis

À la faveur de l'affaire Megaupload, l'opposition entre droits d'auteur et Internet s'est installée au nombre des sujets de ...

Tous sont favorables à l’instauration d’une licence globale en lieu et place d’Hadopi, un dispositif légalisant les échanges d’œuvres non-marchands et rémunérant les auteurs via une contribution financière des internautes. Tous encore récusent la politique numérique de Nicolas Sarkozy, qu’ils associent à son orientation politique générale : “je tire de la politique numérique des cinq dernières années le même bilan que du quinquennat dans son ensemble. Au-delà des effets d’annonce et autres opérations de communication de type e-G8, aucune priorité n’a été définie”, fustige Dominique de Villepin. C’est d’ailleurs la constante du positionnement numérique de la majorité des “petits” partis : il se fait en réaction à la mandature passée. Et manque parfois de concret.

Le cas Hadopi est symbolique. A droite comme à gauche, il est perçu comme symptomatique de la politique générale de Nicolas Sarkozy, jugée répressive et plus proche des grands groupes industriels que des citoyens. Le numérique n’est alors qu’une autre façon de se démarquer du président sortant, et de se présenter comme alternative politique. C’est ainsi que le gaulliste Nicolas Dupont-Aignan, pour qui “Nicolas Sarkozy a mis Internet dans les mains des majors”, rejoint des partis à l’extrême-gauche de l’échiquier politique. Comme Lutte Ouvrière, qui estime que la loi Création et Internet, à l’origine d’Hadopi, “est surtout une loi qui défend les intérêts des grands groupes de l’audiovisuel et de la communication”.

Mais pour ce parti comme pour le NPA, il faut d’abord “remettre en cause les fondements capitalistes de cette société” avant d’envisager cette seule problématique. “Il y a des choses importantes à dire sur Internet. Mais elles rentrent dans un combat plus global pour changer la société”, explique Antoine Larrache (NPA).

Dans la mesure où notre temps de parole est limité, on peut en plus difficilement communiquer là-dessus sur un plateau.

Au-delà de la lutte contre Hadopi, la réflexion numérique reste lacunaire. L’avantage, c’est qu’elle ne porte que sur les thématiques susceptibles de bien intégrer le socle des valeurs fondamentales des partis. Donnant ainsi l’impression d’une certaine cohérence, quand les plus grosses formations politiques se voient reprocher une approche d’Internet purement sectorielle, sans vision ni articulation globale, divisée entre l’industrie et la culture à l’heure numérique. L’inconvénient, c’est qu’elle manque de technicité. Et qu’elle laisse en friche bien des aspects de la question numérique : déploiement du très haut débit en France, éducation au numérique, services de e-santé, gouvernance internationale du réseau…

Hérauts numériques

Un Acta de guerre

Un Acta de guerre

Samedi dernier, un peu partout en Europe, des dizaines de manifestations se sont déroulées contre l'Acta ; un texte qui ...

Sous la barre des 3%, certains candidats semblent néanmoins vouloir se distinguer sur la question.

Dominique de Villepin, dont le projet formalisé n’accorde pourtant pas une large place à Internet, explique réfléchir à une “vie politique numérisée”, qui s’appuierait sur un renforcement de la “libération et la normalisation des données publiques” et sur l’utilisation d’Internet “comme levier de démocratie directe”, en l’intégrant à “des référendums d’initiative populaire”.

Mais c’est Nicolas Dupont-Aignan et Corinne Lepage qui se disputent la place du héraut numérique. Le premier est positionné par Le Monde entre Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen. La seconde se veut être l’autre voix écolo, derrière Eva Joly.

“Nous sommes le parti qui travaille le plus sur Internet !”, affirme, catégorique, Nicolas Dupont-Aignan, quand Corinne Lepage déclare de son côté “faire d’Internet sa ligne de fond.”

Difficile de savoir si cela relève d’un opportunisme politique, embrassant un sujet peu investi par les partis traditionnels, ou d’une réelle appétence pour Internet. Certainement un peu des deux. Une chose est sûre, l’un comme l’autre sont des historiques de la lutte anti-Hadopi. Chacun a publié un ouvrage mise à l’entière disposition des internautes : Corinne Lepage l’a laissé en téléchargement gratuit (licence CC By-SA), Nicolas Dupont-Aignan a privilégié la licence libre. Tous deux encore ont pris part aux manifestations contre l’Acta, le projet international qui vise à renforcer l’arsenal juridique des industries culturelles pour lutter contre la contrefaçon sur Internet.

Sur les programmes, l’avantage va néanmoins à Corinne Lepage, dont la réflexion repose en partie sur Internet, perçu comme constitutif d’une troisième révolution industrielle”. “Pour moi, la question des nouvelles technologies et de l’informatique n’est pas un chapitre. Tout comme l’environnement, c’est un fil conducteur”, explique la candidate de Cap 21, qui accuse les favoris des sondages “d’être restés dans le siècle d’avant”.

Je me mets dans la perspective d’un monde qui a changé et auquel on doit s’adapter. Eux sont dans le vieux monde qui vieillit et qu’il faut préserver.

Néanmoins, Internet n’a pas encore accédé au statut de pierre angulaire de son programme, Corinne Lepage ne l’évoquant pas systématiquement lors de ses interventions, lui préférant, comme ce matin sur France Info, la thématique écologique.

“J’appelle tous les pirates à voter pour moi !”

Pour autant, ni Corinne Lepage, ni Nicolas Dupont-Aignan ne se voient devenir la force politique numérique française. Ils ne croient d’ailleurs pas en l’émergence d’un parti d’Internet, à l’instar d’un Parti Pirate français, qui fait partie du paysage politique sans toutefois peser sur le dispositif. Pour la candidate de Cap 21, “cette force peut exister mais c’est peu probable. Quand on voit comme l’écologie politique a du mal à percer”, regrette-elle.

Nicolas Dupont-Aignan, qui dit ne “pas croire aux partis catégoriels”, appelle quant à lui “tous les pirates” à voter pour lui, après avoir brièvement évoqué “l’affaire Megaloop”. On ne saurait être plus clair.


Illustration et couverture par Marion Boucharlat pour OWNI


En bref, leur vision du numérique…

- Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière)
> le numérique n’apparaît pas dans le programme
> Pour une abrogation d’Hadopi. Selon les équipes de LO, “si tous les films, les disques, les reportages,… étaient en accès libre et gratuit via internet, ce serait une très bonne chose. Il faudrait mettre en place un service public associé qui permette aux artistes de réaliser leurs projets dans les limites du possible, bien sûr.”

- Nicolas Dupont-Aignan (Debout la République)
> Point 29 : “Autoriser le téléchargement en abrogeant la loi Hadopi”. Y sont abordées l’abrogation de la loi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et la mise en échec du traité liberticide Acta.

- Corinne Lepage (Cap 21)
> Point 4 : “Internet de l’énergie”
> Point 7 : “Encouragement à l’innovation à la lumière de l’expérience de la Silicon Valley”
> Point 19 : “Développement du télétravail et unification dans toute la France de l’accès et de l’usage d’Internet
> Point 28 : “Expérimentation et  développement  de nouvelles pédagogies à l’école et de nouveaux rythmes scolaires”
> Point 57 : “Garantie des droits des internautes, promotion des logiciels libres et de l’open source”. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’adoption des logiciels libres dans le secteur public, après audit.

- Philippe Poutou (NPA)
> Rien dans le programme [PDF], mais un communiqué sur la fermeture du site Megaupload
> Pour une abrogation d’Hadopi et la mise en place d’une licence globale

- Dominique de Villepin (République Solidaire)
> Point 25 :  mention du numérique,  considéré comme l’une des “filières d’excellence industrielle”
> Retrouvez l’interview complète du candidat par OWNI. Y sont abordées l’abrogation de la loi Hadopi, la mise en place de la licence globale, la protection de la neutralité du net et l’e-administration.

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Facebook aime Nicolas Sarkozy http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/ http://owni.fr/2012/02/15/nicolas-sarkozy-candidat-facebook-timeline-presidentielle/#comments Wed, 15 Feb 2012 20:46:16 +0000 Andréa Fradin et Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=98680 Nicolas Sarkozy est en campagne. Info qui ne vous aura pas échappée tant l’artillerie lourde a (déjà) été déployée en termes de communication. Y compris sur Internet. Aujourd’hui, c’est Twitter qui en a fait les frais : en lançant son compte officiel, le président sortant a fait une razzia. Plusieurs milliers d’abonnés en quelques heures. Quelques jours plus tôt, il réécrivait son histoire sur Facebook, à l’aide d’une drôle de timeline, nouvelle façon de mettre en page un compte sur le réseau social. Petit ramdam de webcampagne qui a tourné à la grosse affaire : l’entreprise américaine est aujourd’hui suspectée de courir pour le poulain Sarkozy. Pas forcément à tort.

Une “aide technique et intellectuelle”

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Le “mème” Sarkozy sur Facebook

Nicolas Sarkozy réécrit sa vie sur Facebook. Un pur moment de communication, qui tombe à pic pour l’annonce, ...

A l’origine de l’accusation, le clan de François Hollande : c’est Fleur Pellerin, la responsable du pôle numérique, qui a dégainé la première. Dans un mail adressé à des représentants de Facebook France, elle juge “inacceptable” l’implication du réseau social “dans la campagne présidentielle française”, évoquant une “aide technique et intellectuelle” rendue aux équipes de Nicolas Sarkozy. Faveurs dont n’aurait pas bénéficié François Hollande.

Un échange dont le chroniqueur Frédéric Martel, proche du Parti Socialiste, s’est fait le relais dans L’Express. Dans un article publié hier, il revient longuement sur ces supposées liaisons dangereuses qu’entretiendraient l’Élysée et Facebook. Dans le viseur : Nicolas Princen, le monsieur numérique de la présidence, et Emakina, l’entreprise en charge de la communication de l’UMP sur Internet, qui aurait également raflé le contrat du candidat Sarkozy pour la campagne. Tout deux auraient bénéficié de sérieux coups de pouce de la firme américaine pour la mise en place de la fameuse timeline :

l’entreprise aurait mis à la disposition de l’Élysée ou de l’UMP des conseillers pour prendre en main les nouvelles fonctionnalités – aide dont aucun candidat à la présidentielle n’a pu bénéficier. L’équipe de Nicolas Princen à l’Élysée aurait ainsi travaillé directement avec Facebook pendant plusieurs mois pour élaborer cette Timeline.

Sarkozy attaque Internet

Sarkozy attaque Internet

Nous avons cartographié le réseau d'influence sur Internet du Président de la République - le plus puissant comparé aux ...

Cette fonctionnalité a été officiellement présentée par Facebook à un public de développeurs le 22 septembre 2011. Frédéric Martel écrit que les équipes de Nicolas Sarkozy planchaient sur le projet dès “septembre”, sous-entendant une antériorité mais sans donner plus de précisions sur la date. Une avance qui aurait donné un sacré coup de booster à la webcampagne, alors en préparation, du président sortant, dont les équipes du Parti Socialiste se plaignent de ne pas avoir bénéficié. Sans pour autant en pâtir directement.

L’équipe de la campagne web de François Hollande nous assure en effet ne pas avoir été intéressée par ce type de fonctionnalité, préférant au storytelling la mise en place d’outils de mobilisation. Par ailleurs, une telle page Facebook ne nécessite pas d’intervention particulière des équipes techniques du site. Des milliers de particuliers ont choisi faire “basculer” leur profil sur cette mise en page depuis décembre. “L’affaire” est donc moins une question de préjudice avéré que de principe ; rien ne dit que Facebook n’aurait pas tout autant aidé au développement d’une timeline pour le candidat socialiste. Si la polémique semble quelque peu montée en épingle, les accointances entre le Palais et une partie des équipes de Facebook France sont bien réelles.

Palo Alto et Sarko sont dans un bateau

S’il les dément officiellement, Nicolas Princen se vanterait en coulisse d’avoir d’excellentes relations avec Palo Alto, siège du réseau social. Qui pèseraient déjà pour 2012. Il est également très proche de Julien Codorniou, directeur des partenariats de la firme en France. Contactés par OWNI, les deux jeunes hommes gardent le silence, Julien Codorniou se contentant de renvoyer vers le cabinet de lobbying Apco, qui gère la communication de Facebook France, et assure “partager les mêmes informations avec toutes les personnalités publiques qui souhaitent utiliser Facebook [...]. En toute impartialité.” En interne, en revanche, la situation fait grincer des dents. Et les informations du PS ne sont pas forcément démenties.
Rien ne semble néanmoins engagé pour tirer ces relations au clair. L’affaire n’est pourtant pas anodine : le code électoral français interdit à “une personne morale de droit étranger” de fournir à un candidat “des contributions ou aides matérielles.”

Partis… en quelques lignes

Partis… en quelques lignes

Découvrez les bonnes feuilles de "Partis en ligne", l'eBook d'enquête sur les dessous et les enjeux numériques de la ...

En novembre 2010, Facebook serait déjà intervenu en faveur de Nicolas Sarkozy, (voir notre enquête Partis en ligne). A la demande de l’entrepreneur Jean-Baptiste Descroix-Vernier, membre du Conseil National du numérique institué en avril dernier par la Présidence, le site aurait supprimé des contenus, dont certains auraient été jugés particulièrement graves.

Coïncidences troublantes

Si le Parti Socialiste n’a pas directement fait les frais de ce favoritisme supposé, d’autres partis, en revanche, évoquent des coïncidences troublantes.

L’entourage de Dominique de Villepin en particulier nous informe avoir voulu utiliser la fonction timeline dès janvier. Impossible, le profil ayant été bloqué au motif de soupçons d’usurpation d’identité. Envoi d’une copie de la carte d’identité du candidat, mail aux équipes américaines : les démarches répétées de l’équipe de République solidaire n’y feront rien. Le 11 février, Nicolas Sarkozy est le premier homme politique français à utiliser la timeline. Une demie-heure plus tard, le profil de Dominique de Villepin est débloqué. En cause : Anne-Sophie Bordry, lobbyiste France et Europe du Sud de Facebook, qui aurait tardé à donner suite aux sollicitations. Personnalité d’autant plus suspecte qu’elle est passée par les cabinets d’Eric Besson et de Nathalie Kosciusko-Morizet, au temps du Secrétariat d’État à l’Économie numérique, de 2008 à 2010. Réaction laconique de l’intéressée, contactée par OWNI : “tout le monde est traité de la même manière”.

Ce que réfutent d’autres équipes de campagne. Celle de François Bayrou explique que malgré plusieurs rencontres avec Facebook France, elle n’a bénéficié d’aucun conseil visant à la mise en place de la fameuse timeline. Quant au directeur de la communication de Jean-Luc Mélenchon, Arnauld Champremier-Trigano, il ironise sur son profil Facebook : “Je précise à la direction de Facebook que je suis joignable sur mon inbox pour leurs offres de service”.

Au Parti Socialiste, on insiste :

On est assez troublé de la manière dont ça s’est passé et on s’attend à ce que Facebook France s’explique.

Avant de conclure :

Le combat va être rude, et à tous les niveaux.

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Revenu garanti, travail choisi http://owni.fr/2011/03/17/revenu-garanti-travail-choisi/ http://owni.fr/2011/03/17/revenu-garanti-travail-choisi/#comments Thu, 17 Mar 2011 18:38:23 +0000 Stanislas Jourdan & Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=52019 L’allocation universelle n’a rien d’une idée neuve. En revanche, elle a tout d’une idée marginale : utopique, sociale, portée par des mouvements alters… Les divers écoles de pensées qui tiennent au revenu minimum n’ont jamais réussi à percer le plafond de verre des médias grand publics. Malgré la tentative de Christine Boutin en 2003, ce débat là était resté verrouillé.

C’est pourquoi, en annonçant sur le plateau du JT de France 2, le 24 février 2011, son intention de proposer la mise en place un “revenu citoyen” de 850€, Dominique de Villepin suscite enthousiasme de ceux qui depuis longtemps défendent l’idée. Et si Villepin venait de briser un tabou ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La remise en cause du travail comme seul mode d’existence sociale

Car, en touchant au lien considéré comme sacré entre rémunération et travail, c’est à un pilier de la société moderne que l’on s’attaque : de l’obtention d’un crédit à la consommation à la location d’un appartement, d’une discussion entre amis à la présentation à la belle famille, l’emploi salarié est une norme sociale d’une puissance terrible. Sociologue du travail, Yolande Bennarosh décrypte ainsi cette « centralité historique du travail » :

[Elle] se résume essentiellement dans les couples droit-devoir, droit-obligation, contribution-rétribution qui impriment une conception du vivre-ensemble où c’est la contribution de chacun à la société qui le légitime à en attendre quelque chose en retour et lui assure la reconnaissance des autres. […] il devient, du même coup, le vecteur principal de l’identité personnelle et sociale.

De cette conception du travail comme seule façon « d’être en société » découle le fameux sentiment de malaise due à l’inutilité des chômeurs. Enfermé dans ce cocon anxiogène où il se répète qu’il ne « contribue pas à l’œuvre collective », le non-salarié est mûr pour les discours culpabilisant de Pôle Emploi et autres instituts de placement qui lui font porter personnellement la responsabilité de son inactivité. Un jugement d’autant plus injuste qu’avec la massification du chômage, il relève de la pirouette intellectuelle de transformer un fait de société en tragédie individuelle (même si l’exercice est devenu un classique du genre, notamment dans la lutte contre la toxicomanie).

Or, dissocier revenu et travail constitue justement une manière de répondre à cette angoisse sociale. Dans le régime actuel, la rémunération ne récompense qu’un seul type de contribution : le travail salarié. Une société qui distribuerait de manière « inconditionnelle » un revenu ne viserait à rien d’autre qu’à l’inclusion (par opposition à l’exclusion) de tous ses membres, laissant à chacun la liberté de choisir la façon dont il souhaite oeuvrer pour la collectivité. Un principe décrit par Alain Caillé (fondateur du Mouvement Anti-utilitariste dans les sciences sociales, ou Mauss) comme une « inconditionnalité conditionnelle ».

Donner aux citoyens le choix de leur contribution à la société

Et les réactions des bénéficiaires d’un revenu universel sont loin de la caricature de paresse que certains critiques agitent en épouvantail. Dans un village de Namibie où fut instauré un revenu minimum garanti, le chercheur Herbet Jauch fut lui-même surpris de l’effet de cette « manne » sur les habitants :

Nous avons pu observer une chose surprenante. Une femme s’est mise à confectionner des petits pains ; une autre achète désormais du tissu et coud des vêtements ; un homme fabrique des briques. On a vu tout d’un coup toute une série d’activités économiques apparaître dans ce petit village.

Assurés de leur subsistance par la puissance public, les citoyens cherchent des moyens de contributions pertinents au projet commun, des « activités chargées de sens aux yeux des individus eux-mêmes ». Un paradoxe plein de promesses : en donnant à chacun des chances égales de survie financière, cette expérience de revenu garanti a permis aux habitants de se ré-approprier le fonctionnement de leur société.

Réconcilier l’Homme et la machine

Mais l’enthousiasme des convaincus de l’allocation universelle se heurte souvent au mêmes doutes : si le travail n’est plus nécessaire pour vivre, qui continuera à occuper les emplois difficiles et mal payés, mais néanmoins nécessaires à la société ? Qui fera le métier de caissière, ira balayer les rues, ramasser les poubelles, et assurer l’entretien dangereux des centrales électriques ?

Selon David Poryngier du Mouvement des Libéraux de Gauche, il faut relativiser ces craintes  :

Au rythme où les caissières sont remplacées par des machines dans les supermarchés, je ne pense pas que ça soit une question critique. Plus sérieusement, on peut attendre un rééquilibrage du rapport de forces entre employeurs et travailleurs, au profit de ces derniers, dans les métiers les plus pénibles et les moins valorisants. Tout le contraire de la situation actuelle, où le chômage endémique tire les salaires vers le bas et prohibe toute négociation sur les conditions et les horaires de travail. Qui s’en plaindra ?

La rémunération inconditionnelle du travail pourrait “revaloriser” les métiers pénibles en leur garantissant un meilleur revenu, renversant le dumping social qui s’impose comme règle des échanges entre pays riches et pays à faibles coûts de main d’oeuvre.

Quant à l’hypothèse d’une substitution de l’homme par la machine pour les tâches ingrates, il permettrait d’inscrire la proposition d’allocation universelle dans la continuité des grandes luttes sociales de l’entre-deux guerres. Une sorte de nouveaux « congés payés » où, aux nouveaux choix de vie donnés par le temps libre, s’ajouteraient celui de l’occupation du temps de travail.

Pour en finir avec la « valeur travail »

Vu sous l’angle du rapport au travail, l’idée de l’allocation universelle s’impose comme une réforme subversive. En renversant le rapport au travail et à sa valorisation dans la société, il met sens dessus-dessous le fondement des débats électoraux des dernières années axés sur le pouvoir d’achat. Car, tandis qu’en 2007, un certain Nicolas Sarkozy était élu sous le slogan du « travailler plus pour gagner plus » et de la fameuse « valeur travail », et qu’à gauche, on nous promettait le retour du plein emploi salarié, l’allocation universelle nous propose un voie alternative vers l’utilité sociale choisie.

Retrouvez notre dossier spécial sur le revenu citoyen :

Crédits photo FlickR CC : dunechaser / Jordan Prestot

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