OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Tommy Vaudecrane : activiste multi-tâches http://owni.fr/2011/03/15/tommy-vaudecrane-activiste-multi-taches/ http://owni.fr/2011/03/15/tommy-vaudecrane-activiste-multi-taches/#comments Tue, 15 Mar 2011 13:32:27 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=31154 La France a toujours été un marché difficile a exploiter pour les acteurs associatifs ou professionnels positionnés sur les musiques électroniques festives. De circulaires ministérielles en pressions informelles, les institutions ont souvent privilégié la répression aveugle sous des motifs divers. Résultat, en 2011 (comme en 1968) la France s’ennuie et les publics festifs de toutes les générations vont festoyer à l’étranger. Mais, à l’heure où la musique électronique est, chez nos voisins proches, une industrie culturelle florissante, et quand cette même musique est le moteur d’une culture de masse, les freins traditionnels commencent à être sérieusement remis en cause.

Technopol, association dédiée au développement des cultures électroniques festives, occupe dans les débats sur la possibilité d’une nuit festive en France une place de choix. C’est un think tank voué à l’action grâce à ses adhérents et son conseil d’administration, aussi bien qu’un organisateur d’évènements. En effet, Technopol a créé et produit rien moins que le plus gros évènement culturel de rue dans Paris intra-muros (après la Fête de la Musique) : la Techno Parade. Réflexion, action, expérience et vision : Technopol se trouve naturellement au cœur de nombre de projets visant à donner aux musiques électroniques festives, enfin, le niveau qu’elles méritent d’avoir en France.

Tommy Vaudecrane, Président de Technopol, rappelle qu’en France, musiques électroniques festives riment d’abord avec engagement. Un engagement dont Henri Maurel, grande figure de la culture electro récemment disparue et jusque là co-Président de Technopol, avait fait la preuve à de nombreuses reprises. Avant de commencer l’interview, Tommy lui rend hommage.

“Cette interview est un échange entre Florian/DJ Speedloader et moi depuis début Décembre 2010. Entre le début et la finalisation de celui-ci, une tragédie à frappé de plein fouet l’association Technopol : la disparition de mon Co-Président, Henri Maurel, également l’un des fondateurs de Technopol en 1996 et l’un des créateurs de la Techno Parade en 1998. C’est avec une très grande peine que nous faisons face à ce moment difficile mais c’est aussi avec une conviction encore plus forte et une détermination encore plus grande que l’association mènera à bien l’ensemble des projets pour lesquels nous avons été élus Henri et moi et que nous portions depuis Juin 2010.

Paix à ton âme Henri et sois-en sûr, nous continuerons le combat !” (Tommy Vaudecrane, mars 2011)

Depuis juin 2010 tu partageais la présidence de Technopol avec Henri Maurel. Cela fait presque 15 ans que cette association est au cœur des nuits françaises, pourtant son rôle reste mal connu. Pourquoi Technopol a-t-il été créé à l’époque et quelles sont ses missions actuelles ?

En fait, en 2011 Technopol soufflera ses 15 bougies mais nous pleurons aussi la perte d’un être qui nous était cher et qui a été un moteur pour l’association et les cultures électroniques depuis plus de 20 ans : Henri Maurel. L’association Technopol a été créée en 1996 par les acteurs historiques des musiques électroniques, dont Henri, qui subissaient une répression politique forte et organisée (circulaire Pasqua de 1995) aussi bien sur les soirées payantes que les free party. Un lobby gouvernemental a été mis en place afin de faire reconnaître les musiques électroniques et c’est en 1998, suite à la publication d’une circulaire interministérielle (Culture, Intérieur & Défense) reconnaissant l’aspect culturel de la musique électronique, que la Techno Parade a été créée afin d’offrir une manifestation festive qui est devenue en 12 ans le plus grand dancefloor à ciel ouvert de France, le temps d’une journée !

Aujourd’hui la nouvelle équipe élue en Juin 2010 travaille sur de nombreux nouveaux chantiers pour continuer d’accompagner les acteurs de la scène dans leur professionnalisation et de défendre les acteurs qui ont encore, aujourd’hui, besoin de nous.

Ces derniers mois on constate un fort retour en arrière et de nombreuses interdiction abusives de soirées électroniques, mêmes légales, dans les différentes régions où le triptyque : Mairie, Gendarmerie, Préfecture fonctionne à merveille !

Est-ce que cela veut dire que, pour la techno comme pour beaucoup de choses en France, rien ne peut être fait sans un étroit contrôle de l’administration ? Est-ce à dire que la création et l’expression culturelle sont subordonnées au bon vouloir du Prince ?

Oui tout à fait, un étroit contrôle, des connivences politiques et une acceptation institutionnelle… Parfois on a l’impression que tout ceci est de la poudre aux yeux. On rencontre les autorités, on a l’impression d’avancer et on se rend compte, qu’autour de nous en fait rien n’avance, voire on ressent une certaine régression… D’un côté une volonté d’expression culturelle soutenue par le Ministère, les DRAC et autre et puis une fermeture quasi totale de la part des Mairies, Gendarmeries et autres Préfectures. Un jeu vicieux est joué à coups de pressions téléphoniques, d’invitation à reconsidérer tel ou tel événement sous prétexte d’ordre public, de drogues et autres raisons fallacieuses jouant sur les peurs basiques auprès de gens ignorants.

D’ailleurs, ces derniers mois on constate un fort retour en arrière et de nombreuses interdiction abusives de soirées électroniques, mêmes légales, dans les différentes régions où le triptyque : Mairie, Gendarmerie, Préfecture fonctionne à merveille ! Un coup la gendarmerie met la pression (officieuse, une sorte d’invitation sans traces, un coup de téléphone suffit) sur le lieu, un autre coup c’est la Mairie (le maire est maître à bord dans sa commune sauf à Paris) et des fois la Préfecture mais c’est rare car les gendarmes et les mairies font très bien leur travail de sape.

Défense, reconnaissance et promotion

Comment Technopol se place, aux côtés des autres acteurs (type syndicats ou autres associations), dans le paysage des instances de la nuit française ?

La mission première de Technopol est la défense, la reconnaissance et la promotion des cultures et musiques électroniques. De fait, notre intervention se fait sur les points relatifs à cette culture et sa place dans la nuit française. La musique électronique ayant une position de plus en plus importante dans le paysage de la nuit française, nous prenons une place de plus en plus importante dans les discussions. Une des illustrations est notre forte implication dans les Etats Généraux de la Nuit et les Nuits Capitales.

Du côté Syndicats et Sociétés Civiles nous commençons à explorer les possibilités de rapprochement avec la SPEDIDAM via le SAMUP ou la CGT Spectacles, notamment sur les questions de statuts du DJ, mais rien n’est acté ou décidé en ce sens. Technopol souhaite rester une structure associative militante indépendante et non politisée.

L’un de nos objectifs est de mettre en place des accords avec certains syndicats ou sociétés civiles afin de faire bénéficier nos membres d’avantages liés à ces organisations.

Nous allons également adhérer à la CSCAD et permettre à nos membres organisateurs d’y adhérer, ce qui leur permettra notamment de bénéficier de tarifs SACEM préférentiels.

Les discussions sont encore complexes, très émotionnelles entre ceux qui veulent dormir tranquille et ceux qui veulent faire la fête.

Est-ce que la connaissance qu’a Technopol de la nuit française lui permet de dégager des particularités régionales, en France ? Ou alors est-ce les questions qui se posent à la nuit sont les mêmes à Paris et à Vesoul ?

Un peu des deux je pense. Suite à la pétition que nous avons lancée « Paris : Quand la Nuit Meurt en Silence » nous avons eu des échos en région notamment à Lyon et Marseille. Partout en France on entend parler de fermetures de bars, de nuisances sonores, de fermetures administratives. Nous avons donc un souci commun aux grandes agglomérations avec l’éternel conflit entre riverains/police et lieux/organisateurs. De plus en plus de villes souhaitent développer ou upgrader leur offre festive nocturne mais les discussions sont encore complexes, très émotionnelles entre ceux qui veulent dormir tranquille et ceux qui veulent faire la fête.

Tommy Vaudecrane, Président de Technopol et passionné des musiques électroniques festives depuis 20 ans.

On constate des difficultés à Lyon par exemple, car les associations n’ont quasiment plus de subventions de la ville et la plupart des événements électroniques sont interdits ou fortement freinés.

On peut également dégager des tendances régionales en effet, avec le développement de la free party légale et parfaitement gérée notamment en Bretagne et dans le Sud de la France, régions qui disposent de magnifiques lieux extérieurs pouvant accueillir ce type de grand rassemblement. Le clubbing a toujours été très développé dans le Nord et l’Est du fait de la proximité de pays comme l’Allemagne, la Belgique, la Suisse et la Hollande avec leurs mégas clubs et rave parties.

Tu rappelles que Technopol travaille beaucoup avec la SPEDIDAM sur les statuts du DJ.  Cela veut-il donc dire qu’il y a un gouffre entre les DJ-dieux vivants à la Guetta, pour qui la musique est une business unit parmi d’autres, et les DJ qui vivent avant tout de leurs prestations ? Car en France en 2011, grâce ou à cause des Guetta, Sinclar et autres, la représentation collective du DJ est qu’il roule sur l’or…

Oui un gouffre, en tout cas sur les sommes touchées lors de représentations publiques par exemple. Un DJ comme ceux que tu viens de citer touche entre 35000 et 75000 euros (voire plus) pour une heure ou deux heures de « non-mix, lève les bras et te décoiffe pas trop ». On est ni dans le djing, ni dans la performance artistique et je trouve personnellement ces sommes démesurées et pas du tout en phase avec le spectacle fourni par ces gens. Sachant que Guetta n’est pas considéré comme DJ mais comme auteur compositeur.

DJ hardcore, drum and bass et autres sons durs

Ton arrivée à ce poste, c’est une des nouvelles expressions de ta passion pour la scène électronique ? Comment cette passion s’exprime-t-elle par ailleurs, depuis que tu es arrivé dans ce milieu ?

Multi-tâches (rires). Les musiques électroniques rythment ma vie et me font vibrer depuis bientôt 20 ans. Ma passion, ma dévotion se traduisent par de nombreuses implications personnelles qu’elles soient artistiques, événementielles ou militantes.

Je suis déjà passé chez Technopol entre 2002 et 2005 en tant qu’administrateur, j’y ai notamment créé l’observatoire de la fête pour recenser les incidents et venir en aide, dans la mesure du possible, aux organisateurs. J’ai également tenté un rapprochement avec la free party, mais ça s’est un peu moins bien passé, disons que notre main tendue n’a pas été si bien accueillie que ça… Et suite à cette main tendue, le premier collectif des sons s’est créé…

Aujourd’hui la scène doit se professionnaliser si elle veut exister comme dans nos pays voisins. J’ai donc de nouveau décidé de mettre mes compétences, mon expérience, ma sensibilité au service des musiques électroniques. C’est l’expression militante de ma passion.

Par ailleurs j’essaie de faire vibrer les gens en tant que DJ hardcore, drum and bass et autres sons durs, depuis près de 17 ans sous le pseudo DJ AK47, et je compose de la musique, notamment avec mon groupe BudBurNerZ (17 maxis et 6 albums). J’organise des soirées avec le collectif Party Uniq depuis 2005 et plus récemment avec la société Bass Nation qui a produit les deux événements Megarave France à l’Elyséee Montmartre.

Tommy Vaudecrane, sous le nom de DJ AK47, est également une des figures de la scène hardcore. Ses prestations foudroient les dancefloors de France et d'Europe depuis le milieu des Rugissantes Années Rave : les années 90.

Alors, question professionnalisation justement, quels sont les métiers qui doivent se développer dans le milieu de la nuit pour rendre celle-ci viable ? Et comment articuler cette professionnalisation avec une présence associative traditionnellement très forte sans qu’il y ait discorde ?

Il faudrait déjà une reconnaissance institutionnelle de certains statuts comme le DJ ou le VJ afin que ceux-ci puissent exercer leur métier en toute tranquillité sans être dans une situation de précarité entre cachets au noir, remboursement de frais et autres arrangements. Qu’ils puissent cotiser pour leur retraite, avoir des congés (sans obligatoirement avoir le statut d’intermittent).

Une ineptie parmi tant d’autres : prenons un DJ amateur passionné, qui exerce un métier la semaine et qui joue le week-end pour son plaisir mais qui est assez connu pour prétendre à une rémunération. Il assure donc un revenu complémentaire grâce au DJing (en plus d’assouvir une passion). Eh bien il a été décidé par le Ministère de la Culture et sous la pression des syndicats, que ce DJ ne pourrait utiliser le statut d’auto-entrepreneur pour facturer et être payé… Alors que ce statut a spécialement été créé pour permettre à des salariés d’avoir un revenu complémentaire… Belle logique n’est-ce pas !

Technopol dispose d’une forte crédibilité à tous les niveaux.

Technopol est une assocation, donc tu es bénévole. Oeuvrer dans les musiques électroniques en France, ça relève forcément de la dévotion ?

Souvent oui car pour la plupart des organisateurs, des artistes et autres acteurs de la scène c’est une passion dans laquelle ils investissent tout leur temps, leurs économies avec souvent de lourdes pertes à la clef. Mais l’associatif est aussi une arme de lobby puissante lorsqu’elle est reconnue et Technopol dispose d’une forte crédibilité à tous les niveaux ce qui permet d’engager des discussions sérieuses et de voir certaines avancées possible.

Et puis après près de 20 ans de plaisir intense apporté par les musiques électroniques, je peux bien donner un peu de mon temps pour que toutes les musiques et cultures soient entendues et représentées !

La Techno Parade est depuis 1998 la vitrine festive de l'action de Technopol.

Que peut-on espérer comme résultat concret et à court terme de l’action de Technopol ?

Nous avons de nombreux chantiers qui concernent les différentes composantes de « l’écosystème électronique ». Nous travaillons par exemple sur le statut du DJ et sa possible affiliation à un syndicat ou une société civile via Technopol. Ces projets font partie de nos « Polarités » qui sont des groupes de réflexion, d’action et de lobby autour des problématiques liées aux différents acteurs de la scène : Organisateurs, Artistes (DJ&VJ), Disquaires, Web Radios, Evénements Eco-Responsables, etc.

Nous avons bon espoir d’obtenir des avancées concrètes en 2011 sur plusieurs de ces points, notamment via notre affiliation avec la CSCAD qui va permettre aux promoteurs membres de Technopol d’y adhérer et de bénéficier de taux SACEM négociés pour les événements en salle et en clubs.

D’un point de vue événements nous allons lancer de nouveaux projets. Nous préparons une semaine de la Techno Parade avec en clôture une Nuit de la Techno digne de ce nom (comme on peut le voir en Suisse en Allemagne, en Hollande ou en Belgique) ! D’ici là, une fête de la musique au pied de la Tour Eiffel avec les Bateaux Parisiens est également prévue.

Expertises professionnelles et passionnées

Tous les projets que tu décris supposent un grand nombre d’expertises au sein de Technopol. Peux-tu préciser comment est structurée l’organisation ?

Technopol dispose de nombreuses expertises chevronnées. Nous avons un conseil d’administration de 15 personnes, toutes professionnelles et passionnées de musiques électroniques qui mettent leurs compétences à disposition de nos membres et de la scène pour mener à bien ces chantiers. Les polarités ont pour référent un membre du CA et nous impliquons également nos adhérents dans les réunions de réflexion. Les membres sont également les bienvenus pour participer à ces réflexions.

A la Techno Parade, on peut voir des bonnes soeurs du couvent de Saint-BPM dispenser la bonne parole au public en liesse.

La scène électronique française, c’est France terre de constrastes, entre les superstars à la Guetta/Sinclar/Garnier et l’apocalypse de la free-party. Une voie du milieu est-elle possible, autre que l’electro-bobo-lounge ?

On pourrait mettre Guetta et Sinclar dans une free et 69DB à la prochaine soirée Unighted pour voir ce que ça donnerait ? (Rires)

Chez Technopol nous avons bon espoir que les choses évoluent en France. Les 15 dernières années électroniques ont été riches et ont fait émerger de nouvelles musiques et surtout de nouvelles pratiques festives. La free party par exemple, a, pour la première fois, offert aux jeunes une réelle alternative au Macumba Night du coin ou aux boîtes select.

De nouveaux espaces festifs, de nouvelles musiques, de nouvelles pratiques de consommation ont émergé. De même que la sortie en boîte de nuit a évolué vers le clubbing et le public est parti découvrir les offres clubbing européennes induisant ainsi des pratiques dites de new clubbing. Tout ceci ayant pris en maturité nous réfléchissons, notamment dans le cadre de nos polarités, à de nouveaux types de fêtes, l’appropriation de nouveaux lieux, notamment en banlieue parisienne avec le Grand Paris. La nuit a toujours su se renouveler et nous espérons y participer !

Historiquement les prix des boissons ont toujours été élevés dans les clubs français.

Peux-tu donner quelques exemples de ce que vont chercher les français à l’étranger ?

On a vu se développer autour de nous en Europe une offre festive nouvelle, propre aux musiques électroniques. Au Nord comme au Sud les villes frontalières ont vu se développer très tôt l’offre festive électronique avec les méga clubs belges et espagnols, les énormes raves hollandaises et allemandes et ce dès le début des années 90. Avec l’arrivée d’Internet et des voyages low costs ces événements ont attiré un plus large public qui voulait rompre avec la monotonie de l’offre festive électronique française. On voit tous les mois plusieurs milliers de français prendre le train, l’avion ou le bus pour aller dans ces mégas événements qui n’ont encore aucun égal en France.

Qu’est-ce que Technopol peut répondre aux jeunes clubbers qui se demandent pourquoi à Paris ils payent leur bière 9 euros alors qu’à Amsterdam elle en coûte 2,50 ?

Historiquement les prix des boissons ont toujours été élevés dans les clubs français car c’est leur moyen de se faire une marge (paraît-il). Pari pas forcément intelligent car du coup, ceci a aussi été un des facteurs de désertion de ces clubs (en plus d’une programmation musicale pauvre et d’une sélection particulière à l’entrée) au bénéfice d’événements type free parties, squat parties, etc…

Amsterdam et la Hollande c’est particulier car c’est aussi le pays d’un des plus grands brasseurs au monde. Mais concrètement, nous sommes l’un des pays avec les prix de consommation les plus élevés en Europe alors que notre culture de l’alcool laisserait à penser le contraire…

Passion et culture de marque

Technopol travaille avec Ableton pour proposer des formations certifiées à des artistes débutants ou confirmés. Quel est le suivi artistique que vous proposez à ceux qui viennent se former chez vous ?

Nous ne proposons pas de suivi artistique, nous donnons les moyens aux artistes qui souhaitent exprimer leur créativité d’apprendre à maîtriser ces outils. Ensuite c’est à eux de créer et de s’intégrer dans le circuit artistique et le courant musical qu’ils souhaitent suivre. Nous donnons juste les moyens d’arriver à l’expression de sa créativité avec les outils modernes. Nous lançons des formations sur Usine, un logiciel de studio français et quasi gratuit et réfléchissons à des formations Cubase ou encore des modules courts sur Traktor, Serato et autres.

La Techno Parade révèle le potentiel festif des créatures de toutes obédiences. Ici : des filles.

On le sait, le développement de la scène électronique passera par un renforcement du lien entre les promoteurs d’évènements et les marques qui en seront les sponsors. Comment Technopol envisage cela ? Comment concilier la passion associative à l’origine de Technopol et les contraintes du marché ?

Chez Technopol nous avons naturellement cette culture du fait de la Techno Parade et de la présence de marques sur cet événement. La cohabitation entre passion et culture de marque n’est pas incompatible à partir du moment où l’association sait jusqu’où elle veut aller en termes de visibilité offerte à une marque partenaire. Nous allons lancer une polarité « Marques et Musiques Electroniques » afin de partager les expériences existantes avec nos membres et de créer une sorte de « hub » pour les marques qui souhaiteraient entrer en contact avec des événements ou acteurs de la scène électronique.

Quelle culture techno peut-on espérer pour la France ?

Une culture électronique débridée, colorée, festive, éclectique et passionnée !

Article initialement publié sur le blog Culture DJ

Crédits photos : Hardlight, Sophie Party Uniq

Crédits photos Techno Parade : Colleen Curnutte, Ollografik, Philippe Leroyer

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C’est quoi une ville la Nuit? http://owni.fr/2010/05/04/cest-quoi-une-ville-la-nuit/ http://owni.fr/2010/05/04/cest-quoi-une-ville-la-nuit/#comments Tue, 04 May 2010 17:21:16 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=14539 Ce printemps, il est très branché de commenter la mort de la nuit parisienne. Et s’il reste quelques idéalistes pour vouloir replacer Paris sur la carte des capitales festives, il faut disséquer le cadavre pour que revitaliser la nuit ne revienne pas à mettre sur pieds un Frankenstein nocturne. Le grotesque, on en a en effet soupé, et nos voisins européens s’en moquent déjà assez.

D’où cette démarche sémantique : que range-t-on derrière ce mot, la « Nuit » ?

Un peu de précision sur les termes employés et les réalités qu’ils désignent. La démarche est d’autant plus utile que les nombreux débats sur la mort du business de la musique focalisent l’attention sur un format spécifique : le triptyque « groupe – album – concert ».

Hors, toute la musique n’est pas le fait de petits chanteurs folk acceptables, toute la production n’est pas égale à un album de 12 titres égrenant les variations spleenétiques de jeunes blancs en jean slim, et toute la musique vivante ne se joue pas sur une plage horaire comprise entre 20h et 23h (23h15 s’il y a des rappels).

La musique est diffusée et se vit différemment, passé 23h. Et quand on parle de la nuit parisienne, on parle bien de ce qui se passe ou devrait se passer dans les clubs. Le désintérêt historique de nos élites culturelles (bien plus passionnées par les commentaires sur le dernier numéro des Inrocks que par le fait de s’agiter sur un dancefloor ) pour le clubbing déforme le prisme d’analyse de la Nuit. Cependant si le Paris nocturne doit revivre culturellement et économiquement, cela passera par une renaissance de sa culture club.

On le sait, il est acquis pour la génération New Clubbing que la fête se vit à Londres, Rotterdam, Berlin, Barcelone.

Le résultat : des clubs parisiens à moitié vides, même les plus prestigieux. Le flux de touristes étrangers vers les lieux bien référencés dans les guides touristiques ne compense pas le volume de New Clubbers français ayant pris le parti du Fun d’Ailleurs.

Et l’ostracisme outrancier pratiqué vis-à-vis de la clientèle locale achève de faire des clubs situés dans les arrondissements à un chiffre des bars à musique pour touristes américains imperméables aux charmes de la programmation. La réponse des clubs parisiens à une crise qu’ils refusent d’admettre ressemble à un baroud d’honneur dont la population locale va finir par se moquer complètement.

Les indices les plus évidents d’une nuit qui meurt, sont donc :

> Quantitatifs : les jauges des clubs culminant à 50% (scores vérifiés depuis 4 mois à l’entrée des lieux, entre minuit et 3h du matin). 50% les grands jours, hein… On connaît des clubs de périphérie tournant à 25% de leur capacité.

> Qualitatifs : une clientèle de passage, peu cultivée, peu impliquée. Tout à fait respectable en elle-même, mais que l’on ne peut considérer comme moteur de la nuit. Et une politique de sélection à l’entrée marquée par une volonté de polissage outrancier.

Les parisiens du jour ne sont plus les parisiens de la nuit

Supposons que la culture club idéale soit un miroir tendu au visage des journées de la ville. Alors Paris refusant son New Clubbing et ses New Clubbers, c’est Paris qui se déteste. C’est une vieille dame aigrie qui crache sur ses propres jupes à défaut de pouvoir atteindre le visage d’une génération festive qui est mieux acceptée à 1000km de chez elle que dans sa propre ville.

Et puisque la critique est acceptable si elle est suivie de propositions de solutions, jetons les ponts suivants :

> Les clubs parisiens reviendront au niveau international lorsqu’ils seront capables de cultiver leur identité comme une marque festive concurrentielle au niveau européen (cf l’approche actuelle consistant à tabler sur un remplissage automatique par des gogos de clients)

> Les clubs parisiens reviendront au niveau international lorsqu’ils sauront travailler avec des promoteurs d’évènements professionnels et connaisseurs du marché européen (cf. l’approche actuelle oscillant entre copinage bisou-bisou et modèles d’il y a 15 ans)

> Les clubs parisiens reviendront au niveau européen lorsqu’ils sauront accepter à l’entrée la population locale (cf l’actuelle sélection communautariste faisant des minets du 16ème et des touristes étrangers les seuls clients acceptés à l’entrée des clubs).

On arrêtera de se lamenter sur la Nuit parisienne lorsque le cœur de celle-ci aura recommencé de battre. Autrement dit, rien à espérer tant que le New Clubbing ne sera pas considéré comme un moteur culturel, un réservoir de croissance économique et un levier marketing pour une capitale vitrifiée par sa religion des musées.

On considèrera correctement la Nuit parisienne quand les élites et décideurs culturels et économiques auront compris qu’une capitale sans New Clubbing digne de ce nom, c’est une ville morte pour touristes sexagénaires.

On se réjouira de la Nuit parisienne lorsque celle-ci sera pilotée par des promoteurs proposant une offre répondant à la concurrence européenne.

Le New Clubbing et ses tenants proposent des solutions – Reste à déterminer qui les refuse encore.

Illustration CC Flickr par when i was a bird

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La nuit parisienne est-elle soluble dans l’Europe? http://owni.fr/2010/03/17/la-nuit-parisienne-est-elle-soluble-dans-leurope/ http://owni.fr/2010/03/17/la-nuit-parisienne-est-elle-soluble-dans-leurope/#comments Wed, 17 Mar 2010 18:35:18 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=10277 Lafete

Paris la nuit meurt-il ? Paris la nuit a surtout pris l’habitude de faire la fête ailleurs. La génération New Clubbing va vivre à l’étranger les plaisirs simples d’une nuit démocratiquement festive que la capitale lui refuse. Pourtant, alors que la dictature des programmateurs mous et des fanatiques du DBmètre croit avoir gagné le Premier Prix de Soporifique, des acteurs culturels, économiques et politiques agissent.

Quand même les allemands, pourtant friands de fanfreluches parisiennes, titrent “Paris capitale de l’ennui” dans l’équivalent germanique de « L’Express », force est de mesurer l’étendue des dégâts. En commençant par constater que tout le monde à Paris a acquiescé, très simplement, n’étaient-ce quelques barons de la nuit parisienne en baskets fluos. En 2010, le français pourtant fier admet que le reste du monde ne soit plus aveuglé par les lumières de sa capitale. La population subit une situation que ses élites culturelles refusent d’admettre : la situation est pré-révolutionnaire.

Mais le peuple festif n’attendra pas que les édiles en charge de ses loisirs nocturnes répondent par une énième variante d’évènements aux concepts rincés depuis dix ans. Car le public prend la voiture, le bus, l’avion pour aller faire la fête ailleurs. Le Paris du spectacle ne voit pas plus loin que le périphérique alors que le New Clubbing a fait de l’Europe son terrain de jeux coquins.

Le New Clubbing ? C’est le clubbing revendiqué comme activité statutaire par toute une génération. Le clubber des années 90 entrait dans la nuit par un sas dans lequel il se transformait en créature festive. A la sortie, il revêtait son habit du quotidien. Le clubber des années 2010 revendique ses DJ stars, ses labels de folie, son merchandising de fashion-victim. Le New Clubber 2010 intègre les éléments de la culture club dans la construction de son identité sociale. Quelles pratiques pour quelle identité ?

Le New Clubber (petit frère de l’Euroraver des années 90) assume le rôle prophylactique de ses nuits. Dans une société corsetée par la peur de l’autre (tour à tour l’étranger, le pauvre, le chômeur,…) et tétanisée par la vision anxiogène d’un futur incertain, il subsiste peu d’activités permettant à l’individu de vivre des expériences de plaisir collectif intense qui soient socialement acceptable.

Cliquer ici pour voir la vidéo.


Car le New Clubbing trouve sa force dans la possibilité d’un mélange des genres à la carte, mixture fun aussi paramétrable en amont que génératrice d’imprévus festifs à l’arrivée. Internet et les transports low-cost ont fait de l’Europe un centre de loisirs géant. Le public New Clubbing ne se déplace pas exclusivement pour une programmation. Son intérêt se porte sur la soirée en tant que marque : quelle communication pour quelles valeurs ? Le New Clubber trie ses évènements en fonction de l’amélioration qu’ils procurent à l’identité personnelle. Le collectif propose un sens aux pratiques festives quand celles-ci redistribuent les richesses symboliques dont elles sont constituées. Le Moi festif n’existe jamais mieux que lorsque le Tout dépasse dans le délire la somme des parties.

Le New Clubber est prêt à donner lorsque sa faim est récompensée. Or, que trouve-t-il à Paris ? Des évènements parisiens dont la communication mise entièrement sur des programmations qui n’ont, à l’échelle de l’Europe, rien d’exclusif. Alors, l’évènement perd toute aspérité. Et là où le New Clubber attend d’être surpris, le milieu parisien lui propose en réponse :

- La fête de droite : une version ultra-communautariste de l’entre-soi nuiteux. Négation du dancefloor + admission par origine de classe + sélection ostracisante. La fête d’avant mai 68, d’avant la Seconde Guerre Mondiale.

- La fête passéiste : basée sur le recyclage de programmations faussement pointues vendues par des argumentaires utilisés depuis 2000. Bienvenue dans la Dictature des Directeurs Artistiques Mous. Un mot d’ordre : « Tout sauf la techno ! » (alors que toute l’Europe danse dessus depuis 20 ans). Attention : ne pas confondre les sempiternelles programmations electro-ersatz avec ce qui se fait encore et toujours de plus efficace sur un dancefloor.

- La fête obligée. « Qu’importe la programmation puisque le public viendra » semble être le leitmotiv de lieux qui se sont habitués au pouvoir que leur conférait leur rareté. Cousine de la fête passéiste, elle légitime des prestations situées en deçà du plancher des critères de l’acceptable.

La fête comme confluence de contraintes ? Évidemment, ça ne prend pas.

La superfête

Alors Paris après 23h, c’est Waterloo morne plaine. Des réactions se font jour, pourtant, témoignant d’une vitalité discrète mais tenace de cet esprit de fête que le Paris de 2010 se refuse à proposer à ses habitants et ses visiteurs. Revue non exhaustive des signaux d’espoir:

- Le succès des soirées du collectif Goldrush, fédérant plusieurs générations de nuiteux hétéroclites fidélisés par la qualité d’une promesse d’inattendu toujours renouvelée. Le fondateur et guide spirituel du collectif, Guido, assume la tâche de défricheur et les risques que cela entraîne en termes de programmation. Lequel Guido était au Baron et au Paris Paris avant tout le monde (même avant Darkplanneur). Lequel Guido a lancé quelques groupes et quelques DJ. Discret mais endurant, risqué et nourrissant.

- L’apparition de Bass Nation, agence conseil en stratégie et opérationnel en marketing musical, positionnée sur le territoire des musiques Clubbing / New Clubbing. Fondée par des artistes et des professionnels de la communication, cette agence importe en France les soirées Megarave et en fait la vitrine de son offre de services. Son credo : chaque évènement est une marque autour de laquelle fédérer un public. Les moyens medias font vivre une soirée avant, pendant et après qu’elle ait lieu et ainsi permettent de mettre en œuvre des modèles de développement économique. (Voir  http://partyuniq.com, portail media grand public de Bass Nation).

- Le lancement de Paris Night Life par le CSCAD : Chambre Syndicale des Cabarets Artistiques, Salles et Lieux de Spectacles. Avec Paris Night Life, la Ville de Paris entend redonner à sa nuit une désirabilité qu’elle n’aurait jamais dû perdre. Ce qui est un label de qualité est aujourd’hui prêt à estampiller les meilleurs packs festifs créés pour les marchés extra-parisiens : le reste du monde, de la province aux antipodes en passant par l’Europe.

- Signalons l’épiphénoménale émergence des Skins Parties, nées de l’imitation de scénettes la série anglaise « Skins ». Des espaces de liberté colorés voire explosifs, rassemblant mineurs et jeunes majeurs revendiquant un nombre d’excès sexuels, alcoolisés et autres. Intéressant en ce que la plus jeune génération en est à se construire une identité festive basée sur quelques scènes agitées tirées d’une série. Merci l’Europe ! (plusieurs branches : skins-party.blogspot.com, skinsparty-paris.com, skinsparty.fr).

Contre l’ennui parisien il existe donc un front du refus, hétéroclite mais aux motivations identiques pour ce qui est de redonner à la fête son rôle central dans la culture de la nuit. Des visions convergent, entre expertise culturelle, sensibilité sociologique et modèles économiques, permettant d’en finir avec le plafond de verre de la nuit parisienne. Et pour que cessent les lazzis de nos voisins européens mieux lotis.

Et pendant que la nuit parisienne se lamente devant son miroir, elle ne voit pas venir la Grande Affaire Festive de la décennie 2010 (et des suivantes) : l’explosion de la nuit de nos régions.

Photo de boule à facettes CC Flickr Nathan.F

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