(Allons enfants) de l’infobésité à la sallederédaction.com

Le 15 novembre 2009

Je lis avec passion les analyses de mes comparses d’aventures éditoriales on-line et en particulier ici, sur la “crise de la presse”, “l’avenir des médias”, la “révolution internet” (…) et je m’étonne d’un point commun, d’un fil rouge, d’une évidence incontestée : les médias doivent réinventer, chercher, retrouver, un “business model”. Un média devrait forcément être [...]

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Je lis avec passion les analyses de mes comparses d’aventures éditoriales on-line et en particulier ici, sur la “crise de la presse”, “l’avenir des médias”, la “révolution internet” (…) et je m’étonne d’un point commun, d’un fil rouge, d’une évidence incontestée : les médias doivent réinventer, chercher, retrouver, un “business model”.

Un média devrait forcément être rentable ? Non!

Qui ose dire ceci ? “Un média doit arriver à l’équilibre, comme toute bonne entreprise”, vous confirmera toute tête bien faite … Et  bien pensante ! Je connais pourtant des médias qui ne perdent pas d’argent. Souvent, ce sont aussi ceux qui n’aspirent pas à en gagner en temps que tel.

Ces médias, des blogs, des réseaux associatifs, des pure-players et média sociaux, entre-autres (parlons chacun de ce que l’on connait véritablement ;) ) qui trouvent leur “économie” ailleurs, autrement, n’en sont pas moins indépendants. Non, un média, le média, ne doit pas forcément être rentable, en soi. Il peut et (doit ?) s’inscrire dans un écosystème.

C’est ce que tentent par exemple de faire, de façon différente, les PME derrière Rue89 ou Owni, entre autres exemples. Diversifier les sources de revenus. Vivre d’autres chantiers, de métiers et de savoir-faire connexes et pas forcément de son audience, de sa seule production éditoriale. Cela veut dire penser autrement la “sallederedaction.com” à l’heure de “l’infobésité” et intégrer l’économie “à rebond” ou plutôt l’écologie, celle de la recommandation, du lien et de la réputation.

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L’audience serait le Saint Graal. Halte ! Que dit “la demande” ?

Il en va de cet axiome “l’audience doit être croissante et cette croissance doit être constamment cherchée” comme du culte de la croissance en macro-économie et donc en politique. Non, ce n’est pas évident. L’audience n’est pas la seule fin qui vaille, même si l’on ne fait pas acte de journalisme pour soi. Et ce n’est pas élitiste que de dire cela si l’on considère qu’il n’y a pas un (seul) modèle et que peuvent co-exister des artisanats pluriels.

L’audience d’une source, d’une marque, d’un propulseur, est à regarder inscrite dans un réseau, un maillage de flux, de recommandations, d’agrégateurs, de “curators”. Aussi une pépinière ou des réseaux de médias sociaux dont aucun ne dépasserait seul les 100 000 VU/mois aurait sens et poids à partager lignes de codes, community managers et autres serveurs, par exemple.

Ni les barrières et péages on-line ni la quête seule du Graal publicitaire (ou de l’appli magique) ne contenteront aucun business plan qui ne saurait se réinventer, s’ouvrir vraiment. La rédaction est peut-être “morte”, les médias en aucun cas. Reste que ce far-west persistant qu’est le paysage médiatique français (et pas seulement) à l’heure de la grande recomposition numérique manque cruellement d’offre qualitative et de radars vers cette offre. Mais aussi semble-t-il de demande, ou d’adéquation avec la demande.

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L’accès à Internet et à l’information est-elle un service public ? Oui !

C’est ma marotte. Et plus le temps passe plus j’en suis convaincu. Par delà les questions de “business model” et de course à l’audience ou à l’échalote, l’idée même qu’une “économie” au sens libéral du terme, est forcément nécessaire à la préexistance de tout en ce bas monde me pose question.

N’y a-t-il pas la place pour un beau débat ici ?

> Que pourrait-être un service public du web et de l’information on-line ?

Tenter de fédérer le travail de plumes, de journalistes, de chercheurs et autres blogueurs et veilleurs n’est-il pas en ce sens un (bon vieux) service rendu au public, dont les expériences auraient un intérêt (général) à se multiplier ?

Comme de redoutables “conservateurs” de musées (traduction horripilante de “curators”) qui joueraient les “metteurs en scène” exigeants de perles découvertes dans leurs navigations devenues granulaires, des millions d’être humains, IRL, compilent, sélectionnent et donnent à voir et à penser des URL remarquables.

Cette médiation culturelle a une valeur sociale considérable. Ensemble, HomMedias, Digital Journalists, News Hackers, nous sommes les néanderthaliens d’un continent neuf : le web, ce média pas comme les autres.

Images CC: Thomas Hawk, Patrick Gage, Irina Souiki /-)

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