De Muckrack à Tweest

Le 13 janvier 2010

Le Post et la Netscouade présenteront ce soir à la Cantine un outil pour suivre les personnalités politiques françaises sur Twitter en un lieu unique et effectuer des tris par parti : Tweest.

Titre original :
Tweest by Le Post = Livewire + Muckrack, des rivières de flux Twitter sélectionnés

Le Post et la Netscouade présenteront ce soir à la Cantine un outil pour suivre les personnalités politiques françaises sur Twitter en un lieu unique et effectuer des tris par parti : Tweest.

Autour de blogueurs (engagés en politique ou non) et journalistes, Nathalie Kosciusko-Morizet, Benoît Hamon, Arnaud Montebourg, Sandrine Bélier, Alain Lambert, et Dominique Paillé, qui gazouillent à différents degrés, pourront découvrir la bête. Analyse écologique, que je complèterai avec les éléments qui seront donnés ce soir.

Côté pedigree, Tweest est à la croisée de deux outils qui existaient déjà ailleurs :

  • Muckrack, qui fut avant l’apparition des listes sur Twitter un des premiers sites organisant des flux de certaines personnes précises par catégorie dans une unique interface. Le tout premier concernait les journalistes, que l’on peut par exemple trier de différentes manières : par rédaction, ou par rubriques (monde, politique, économie…), ou ne faire ressortir que les gazouillis contenant une image, ou contenant un lien… Sawhorse Media, qui édite Muckrack, a transposé le concept à d’autres catégories comme les célébrités, les nouvelles technologies, la beauté, l’humour, le sport, la science… Avec l’apparition des listes est naturellement né Listorious. L’écosystème est au complet avec les Shorty Awards, où l’Académie du temps réel vient récompenser les meilleurs fournisseurs de contenus en 140 caractères dans différentes catégories.
  • Livewire, développé par Tweetminster et The Independent pour suivre l’actualité des parlementaires, membres du Gouvernement, personnalités et commentateurs politiques britanniques utilisant Twitter.

Dans le cas de Tweest, la dynamique est un peu différente des deux systèmes. D’abord l’outil est développé pour la rédaction d’un média, qui s’est montrée active sur Twitter et qui compte ainsi compléter son offre d’information à partir de / à propos de Twitter. On a ainsi naturellement l’intégration des courtes vidéos Twitt’heure dans la colonne de droite.

Côté fonctions vitales, comme pour ses lointains cousins d’outre-Manche ou d’outre-Atlantique, on peut en quelques clics depuis l’interface en ligne suivre un compte, ajouter un gazouillis en favori ou le retweeter si l’on s’est connecté à Twitter. On peut aussi choisir de suivre toute une rédaction ou tout un mouvement politique. Un très bon point : les visiteurs sont appelés à contribuer à enrichir la base en proposant des comptes, qui seront sans doute vérifiés avant d’être intégrés. La dynamique des chiffres est également utilisée : personnalités les plus suivies, messages les plus populaires (ajoutés en favoris), liens les plus partagés. Pour l’instant le volume n’est pas encore très significatif pour ces deux dernières catégories mais cela devrait progresser avec l’arrivée de nouveaux utilisateurs. Enfin, un système de filtres à cocher permet de limiter l’affichage pour ne conserver que ceux d’un ou plusieurs mouvements politiques, d’une ou plusieurs rédactions.

A qui et à quoi cela va-t-il servir ? Pour les politiques, certainement pas à débattre car la volière n’est pas un bon lieu pour ce type d’exercices comme l’Express en a fait l’expérience, et de toute façon les personnalités politiques s’interpellent et se parlent peu sur Twitter. De manière générale, elles suivent d’ailleurs rarement des personnalités politiques de partis adverses.

En revanche, il est certain que pour l’internaute qui n’est pas très familier de Twitter, ou qui n’a pas pris le temps de constituer une liste “politique”, ou qui cherche à compléter ses listes, c’est un moyen pratique de trouver le flux de messages en un endroit unique. Et les 85 comptes politiques identifiés sont annoncés comme vérifiés, même s’ils ne sont pas des comptes certifiés par Twitter, ce qui permet de savoir qui suivre sans risque de se faire abuser par un faux compte (fake), qu’il soit drôle et facilement identifiable comme parodique, ou qu’il fasse l’objet d’une campagne avec des gazouillis crédibles dans un premier temps le temps d’obtenir des followers, puis de changer radicalement de discours comme par exemple le compte de Patrick Balkany.

La campagne des élections régionales 2010 va peut-être prendre un autre ton si davantage d’utilisateurs de Twitter, ou des personnes qui s’y mettent exprès pour cela, viennent interpeller directement les candidats. Répondront-ils aux questions (Nathalie Kosciusko-Morizet fait actuellement la sourde oreille aux questions la pressant de prendre position sur la LOPPSI, malgré une pétition en ligne) ? Seront-ils victimes de tweet clashes, vont-ils s’interpeller davantage publiquement (cas Anne Hidalgo / Valérie Pécresse) ? Vont-ils relayer, au-delà des classiques communiqués et agendas de leurs campagnes, d’autres actions ? Vont-ils retenir certaines propositions venue par la machine à gazouillis ? A suivre.

Pour les autres utilisateurs de Twitter, avancés ou débutants, journalistes ou non, Tweest me semble être un bon portail qui permet de centraliser les actualités de la volière, de découvrir des comptes, de se familiariser avec le flux. Twitter est un lieu où l’on peut resté immergé dans le flux, ou bien où l’on vient picorer de temps en temps, selon son envie et son besoin.

Ce qu’il manquerait pour faire mieux ? Peut-être des informations sur le moyen de publication, qui figurent dans l’interface web de Twitter : from Tweetdeck, from web, from Echofon… Car c’est aussi une information. Une personne qui utilise Echofon est sans doute en mobilité et ne répond pas nécessairement si elle éteint son application après avoir publié un message, par exemple. Et surtout, si la personne publie depuis Echofon mais utilise publiquement un Blackberry, il y a un lézard et cela signifie qu’à moins de disposer de deux mobiles, elle ne publie pas ses messages en personne (Echofon est uniquement disponible sur iPhone). Le système de recensement des liens les plus partagés est intéressant, il faudrait peut-être aussi le doubler d’une galerie de d’images diffusées sur Twitter, par exemple avec Twitpic ou YFrog. Il serait bien utile de pouvoir effectuer des filtres sur les journalistes non pas en fonction de la rédaction dans laquelle ils travaillent, mais des rubriques : économie, société, politique…

Ce qui manque vraiment ? On peut regretter l’absence de nombreux journalistes radio et télé, des journalistes de la presse spécialisée et en particulier dans l’informatique (01 Informatique : Pierre Tran, Anicet Mbida, Numérama : Guillaume Champeau pour n’en prendre que trois très actifs) à l’heure où l’on parle d’Hadopi et de la LOPPSI, de la presse entreprise, et surtout… régionale ! Surtout s’il s’agit de suivre les élections régionales elles aussi. Je n’en ai pas recensé beaucoup dans la PQR où les profils sont moins “personnels” et où l’on a plutôt des profils de titre, mais on trouvera des pistes chez PQR Mon Amour et bien sûr chez Sébastien Bailly de Paris Normandie. Grâce aux suggestions des visiteurs, ces oublis seront sans doute vite comblés.

Quelles seront les prochaines catégories ? S’il s’agit de faire un véritable observatoire des débats politiques de la volière comme l’annoncent Le Post et La Netscouade, une catégorie analystes / commentateurs / militants pourrait avoir du sens. Bien entendu, il est possible de suivre les traces de Sawhorse Media et d’embrayer sur d’autres catégories : technologie, ressources humaines, mode…

Je live-twitterai la présentation de ce soir, bien entendu, avec le hashtag #Tweest, et viendrait éventuellement corriger ou compléter ce billet par la suite. C’est aussi ça, la dynamique web : le processus permanent et la capacité à mettre à jour au fil de l’eau.

Pour aller plus loin, quelques billets qui semblent dater mais qui sont utiles pour comprendre la démarche et observer le chemin parcouru dans l’appropriation de Twitter et de ses usages par les politiques, et quelques liens utiles :

  • le site Politwitt qui propose déjà un flux de gazouillis de personnalités politiques françaises
  • les classements de personnalités politiques sur Twitter par Spintank, surtout pour la partie analyse et décryptage de ce qui s’est passé ;
  • les bons conseils de palpitt aux politiques pour gazouiller sans fausses notes ;
  • un recensement de journalistes sur Twitter réalisé par Marie-Catherine Beuth, en deux parties ;
  • un annuaire de journalistes créé par Nicolas Gosset ;
  • une liste de journalistes (ou de personnes qui réfléchissent au journalisme) que j’ai constitué progressivement, et qui est sans doute plus complète que ma liste politique.

» Article initialement sur enikao.wordpress.com

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