Petit précis de géopolitique selon Twitter

Le 14 septembre 2010

Israël a payé pour s'offrir un compte Twitter a son nom. Mais au royaume du réseau de micro-blogging, la géographie n'est plus vraiment conforme à celle qu'on a appris sur les bancs de l'école.

Ce mardi, le gouvernement israélien a déboursé 3.000 dollars pour racheter le compte Twitter @israel à son propriétaire, Israël Menendez, un entrepreneur espagnol spécialisé dans les “contenus pour adultes” (qui avance sur Publico.es une somme “à cinq chiffres”). Le phénomène en lui-même n’est pas nouveau, pas plus qu’il n’enfreint les règles d’utilisation du réseau de microblogging (celui-ci interdit la vente d’un nom d’utilisateur par un internaute). Tout au plus est-il symptomatique de la migration progressive des États vers le web.

Chez OWNI, on est curieux, alors on a regardé de plus près les comptes Twitter associés à des noms de pays, sur le même modèle que twitter.com/israel.

Et les résultats sont parfois surprenants.

Les comptes suspendus

Si les Nations unies reconnaissent peut-être 193 pays, Twitter ne fait pas preuve d’autant de diligence, puisque plus de 20% des États testés sont suspendus. On pourrait présumer qu’ils enfreignent les règles d’utilisation de Twitter – qui interdit l’usurpation d’identité et les usages malveillants -, mais on est alors en droit de se demander pourquoi @Alqaeda ou @KimJongIl (deux avatars pour la gloire du LOL) continuent de gazouiller librement.

Parmi les bannis, on recense des pays particulièrement sensibles, comme l’Afghanistan, l’Irak ou le Pakistan, mais aussi l’Afrique du Sud, l’Argentine, la Belgique (en français), la Bolivie, le Brésil, le Chili, la Colombie, Cuba, l’Équateur, l’Érythrée, l’Éthiopie, la France, le Guatemala, l’Italie, Monaco, le Libéria, la Norvège, le Panama, le Paraguay, les Pays-Bas, le Pérou, la Pologne, le Rwanda, le Salvador, Singapour, la Turquie, l’Ukraine, l’Uruguay, le Venezuela et le Vietnam.

Les cybersquatteurs

Dans cette catégorie, on retrouve tous les petits malins qui ont décidé d’occuper des adresses à alias officiel pour mieux les revendre par la suite. Pas sûr que les propriétaires de @Kazakhstan et @Kyrgyzstan deviennent des rois du pétrole en Asie centrale, mais il en va différemment pour ceux qui ont mis de côté le Canada, l’Inde, le Japon ou la Chine (qui appartient à une certaine Laura, probablement dépêchée par le perfide ennemi américain).

Les improbables

Le Vatican récite la Bible, le Timor oriental vend du Viagra (pour mieux booster ses guérilleros ?), l’Allemagne appartient à une fan de mangas vénézuelienne, le Cap Vert a “besoin d’amis”, l’Égypte affiche la couleur, le SAV de Djibouti est déficient, le Botswana est en Australie (les mystères de la géographie…), le Bulgarie cherche une copie du Petit Prince… Mais la palme revient à la Russie et aux États-Unis, Continents numériques à la dérive, en quête d’audience et d’attention. Avec deux tweets au compteur de chaque côté, on peut même retranscrire un échange improbable, digne des plus grands moments de détente de la Guerre froide:

États-Unis : Salut.
Russie : Je dors dans ce stupide labo informatique. Ne m’ennuie pas.
États-Unis : Je m’ennuie tellement.
Russie : (criant) Mec, qu’est-ce que tu fous ?

Les comptes disponibles

Si vous vouliez subitement capitaliser sur le dos de pays pas encore totalement raccordés à Internet, il reste encore quelques affaires à saisir : on vous conseille le Soudan et la Bosnie-Herzégovine. Pour le meilleur et pour le pire.

Image CC Flickr tashmahal

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