Enseignement en Europe: à chacun son rythme

Le rapport du comité de pilotage sur les rythmes scolaires a été rendu lundi à Luc Chatel, ministre de l'Éducation Nationale. En Europe, aucun modèle commun ne semble véritablement se dégager.

Le rapport a été rendu lundi au Ministre de l’Éducation nationale. Bilan d’une année de réflexion, les propositions du comité de pilotage sur les rythmes scolaires se veulent globalement plus respectueuses des enfants et des adolescents, ce que les enseignants et le monde médical approuvent.

Visant une meilleure répartition de la charge de travail pour les enfants, ses conclusions préconisent d’abandonner la semaine de 4 jours et de raccourcir les vacances d’été au profit des petites vacances. Ce qui ressort également est l’instauration d’un “bloc” plus cohérent du CP à la cinquième, avec pour objectif de faciliter l’adaptation des élèves à l’entrée au collège.

1 – Changement de rythme

La mesure principale qui ressort du rapport est la fin de la semaine de quatre jours, instaurée dans les écoles primaires avec la réforme de 2008. Elle se révèle être un échec cuisant car en inadéquation totale avec le rythme des enfants. Les élèves de primaire vont de nouveau passer à une semaine de 4 jours et demi, soit neuf demies journées de cours, avec une plage horaire supplémentaire le mercredi ou le samedi, suivant les écoles.

Le nombre de jours d’enseignement passera ainsi de 144 à 190 pour les classes du CP au CM2. Le volume hebdomadaire d’heures d’enseignement serait quant à lui réduit d’une heure (23 heures) pour les élèves jusqu’à la deuxième année de collège.

2 РR̩organisation de la journ̩e

Conséquence directe de la fin de la semaine de quatre jours, l’égalisation des rythmes entre l’école primaire et le collège. Le comité de pilotage propose en outre un temps d’apprentissage journalier réduit (4 heures pour les CP/CE1, 5 heures pour le reste de la primaire et 6 heures en 6ème et en 5ème) sur une plage horaire commune de 8h30 à 17h00 du CP à la 5ème, avec pour but de faciliter la transition avec le collège.

L’accompagnement des élèves (heures de soutien) serait également généralisé, quel que soit le niveau de l’enfant. Côté pratique, la pause déjeuner ne devrait pas être inférieure à 1h30 pour les primaires et les collèges.

3 – Vacances scolaires

Grande révolution introduite par le comité, la réduction des sacro-saintes vacances estivales. Le projet est de les réduire de 15 jours et de mettre en place 3 zones, comme pour les petites vacances, avec une période commune du 13 juillet au 16 août. Le but est de construire une année plus régulière en passant de 36 à 38 semaines de cours entrecoupées toutes les 7 à 8 semaines de 15 jours de vacances (4 périodes sur l’année). Cette réduction des vacances d’été figure déjà dans le projet présidentiel du PS.

À l’Éducation Nationale, on assure que “ce rapport et ses pistes vont servir de base“. Le Ministre a indiqué qu’il allait prendre les remarques en considération en ouvrant une discussion avec les enseignants, les collectivités et les professionnels du tourisme avant de légiférer sur la question. Cela a beau être les vacances, les écoliers n’en ont pas fini avec les classes…

Les Pays-Bas, bon élève

Aux Pays-Bas, pays où le nombre d’heures d’enseignement est le plus élevé chez les 7-11 ans, on ne rigole pas avec l’école. Dès le premier jour du mois suivant son 5ème anniversaire, chaque petit Néerlandais est tenu d’aller en classe à plein temps. Dans les faits, la quasi totalité des enfants sont déjà scolarisés dès 4 ans (99%). Jusqu’à leur 16 ans, ils ont pour obligation d’aller à l’école 200 jours par an, d’août à juin, cinq jours par semaine avec généralement le mercredi après-midi de libre.

Cette rigueur semble porter ses fruits puisqu’au dernier classement PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des étudiants) qui mesure les compétences acquises par les élèves en lecture, mathématiques et sciences, les Pays-Bas arrivent en deuxième position des pays européens.

Harmonisation des systèmes allemands

En Allemagne, les vacances sont bien différentes de celles qui existent en France, dans la mesure où chaque Land dispose ainsi de son propre calendrier. Il y a ainsi 16 zones différentes. De manière générale, les enfants sont en congé une semaine pendant l’hiver (l’équivalent de notre février), 10 jours à Pâques, une dizaine de jours en juin, deux semaines en été, une semaine en octobre et une semaine à Noël. Ces vacances assez “réduites” sont dues au fait que l’école se termine souvent en tout début d’après midi.

Le modèle est toutefois critiqué, non sur le calendrier des vacances, mais plutôt sur le système des lycées où les étudiants sont séparés en 3 niveaux différents en fonction de leurs résultats avec une sélection dès l’âge de 11 ans. Cela ne permet pas aux enfants en difficultés d’échapper à un écrémage pas toujours représentatif, et il est en plus très difficile de passer d’une école modeste aux “lycées d’élites”, les Gymnasium.

Ce système a permis d’alimenter une filière d’apprentissage très efficace, mais ne favorise en rien l’ascension sociale. Aujourd’hui encore, le lycée (Gymnasium) est la voie des futurs universitaires et ingénieurs, la Realschule, celle des techniciens supérieurs et la Hauptschule, celle des ouvriers, qualifiés ou non.

L’étude PISA publiée en 2001 avait classé l’Allemagne en 21ème position sur 31 pays analysés, créant une polémique dans le pays. Le Chancelier Schröder présenta ainsi l’année suivante un plan de 4,3 milliards d’euros destiné à permettre le passage à l’école à plein temps.

En 2003, les Länder et le gouvernement fédéral ont aussi créé un Institut pour le développement de la qualité dans le système éducatif (IQB). Celui-ci a défini pour la première fois de vrais standards nationaux en mathématiques, allemand et langues étrangères.

Enfin, chaque Land a commencé à réformer son propre système, en fonction de ses moyens financiers. À Berlin, les maternelles ont été dotées d’un vrai programme éducatif et les écoles primaires se transforment peu à peu en école à plein temps. Les cours de langues étrangères débutent dès le CM1 et depuis 2007, tous les lycéens passent le même baccalauréat. Au dernier classement PISA, l’Allemagne était remontée à la 16ème place, juste en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE.

La très studieuse Italie

Pour les élèves italiens l’arrivée de l’été est la première réelle occasion de souffler un peu ! Si l’Italie détient le record européen pour la longueur des vacances estivales qui atteignent 14 semaines, les élèves italiens de l’élémentaire sont aussi ceux qui restent assis sur les bancs de l’école le plus longtemps et à un rythme très soutenu pendant toute l’année.

Pas de Toussaint, pas de vacances de février, mis à part deux jours pour le Carnaval, et pas de vacances de Pâques !

Les jeunes Italiens des écoles primaires et élémentaires restent en moyenne pendant 973,5 heures par an à l’école, réparties sur un total de plus de 200 jours. En Italie plus qu’ailleurs, l’été est donc véritablement synonyme de liberté pour les petites têtes blondes.

Dérégulation prévue du système anglais

En Angleterre, l’année scolaire s’étend sur 190 jours, de septembre à juin, avec cinq journées par semaine de 9h00 à 16h00 environ, selon les matières. Le samedi, certaines matières optionnelles, comme notamment le sport, peuvent avoir lieu. Chaque établissement est par ailleurs libre d’organiser la journée à sa convenance.
Mais le nouveau gouvernement veut aller encore plus loin et prépare d’importantes réformes. Il encourage tout d’abord les écoles à sortir du système public pour pouvoir décider, dans une certaine mesure, elles-mêmes du contenu des cours, des horaires et des matières tant qu’elles enseignent au moins 190 jours par an. Une sorte de dérégularisation du système scolaire.
Le ministre de l’Éducation Michael Gove veut également modifier totalement les heures de cours du système général : de 7h30 à 17h30 chaque jour de la semaine avec toujours la possibilité d’ouverture le samedi matin pour les options.Il projette aussi ajouter deux semaines de cours à chaque trimestre, soit un total de 40 semaines de cours par an. Les plus jeunes auraient donc une année cumulée de cours de plus tous les cinq ans.
Les professeurs s’opposent majoritairement à cette mesure : ils travaillent déjà beaucoup chaque semaine et estiment qu’une telle surcharge de cours mettrait le niveau de leur cours en péril. Quantité ne signifie pas qualité. Ils rappellent également que les écoles sont souvent utilisées après la classe pour des activités annexes qui ne pourraient pas être repoussées à plus tard. Par ailleurs, le soleil se couchant tôt en hiver, les parents d’élèves s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants, qui rentreraient en pleine nuit.

Billet initialement publié sur MyEurop

Image CC Flickr PaternitéPas d'utilisation commerciale Ninha Morandini

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