Eva Joly défiscalise Bettencourt

Le 18 avril 2012

Eva Joly s'intéresse à l'histoire fiscale de Liliane Bettencourt. Avec de mauvaises données, comme le révèlent les journalistes d'OWNI. Au classement OWNI-i>Télé de crédibilité des six principaux candidats à la présidentielle, Nicolas Sarkozy écope pour la première fois de la dernière place avec 43,4 % de crédibilité.

Bouleversement depuis ce matin dans le classement du Véritomètre, permettant de vérifier l’exactitude des déclarations chiffrées ou chiffrables des six principaux candidats à la présidentielle.

Nicolas Sarkozy atteint la dernière place, délogeant Marine Le Pen qui y était quasiment indétrônable depuis le lancement du Véritomètre (15 février 2012). Avec 43,4 % de crédibilité, le président-candidat reste proche de la candidate du Front national (44 %) et de François Bayrou (44,7 %). Peu de changement par contre dans le trio de tête : Jean-Luc Mélenchon garde une longueur d’avance avec ses 63,5 %, devant Eva Joly (59,2 %) et François Hollande (54,3 %).

Durant ces dernières 24 heures, l’équipe du Véritomètre a vérifié 36 citations chiffrées des candidats à l’élection présidentielle1. Résumé des quelques faits qui ont retenu notre attention.

Eva Joly s’occupe du contrôle fiscal

Lors de son interview sur France Info le 17 avril, Eva Joly s’est plongée dans l’histoire des contrôles fiscaux :

Je vous rappelle que madame Bettencourt n’a pas été contrôlée pour les impôts depuis 1995.

Trouver ce type d’informations pour un parfait inconnu aurait donné du fil à retordre à l’équipe des vérificateurs du Véritomètre. Fort heureusement pour nous, le dossier de madame Bettencourt a fait plusieurs fois les feux de l’actualité.

Ainsi, un rapport de l’Inspection générale des finances, publié en juillet 2010, précise, dans sa conclusion, que les informations obtenues dans le cadre du contrôle fiscal de François-Marie Banier, notamment de source judiciaire, n’étaient pas de nature à conduire l’administration à déclencher un examen de la situation fiscale personnelle de madame Bettencourt.

Cependant, l’hebdomadaire Marianne a révélé dans un article publié le 22 juillet 2011 sur son site, que le fisc français avait adressé à l’héritière du groupe L’Oréal, un redressement fiscal d’un montant de 11,35 millions d’euros au titre de l’impôt sur le revenu pour les années 2006 et 2007 et 17,64 millions d’euros au titre de l’impôt de solidarité sur la fortune pour les années 2004 à 2007. Le “rappel” d’Eva Joly est donc inexact.

François Bayrou embellit Giscard d’Estaing

L’historique de la dette française intéresse décidement beaucoup les candidats à l’élection présidentielle. Alors que François Hollande évoquait un record “de toute l’histoire de la République” pour cette donnée, François Bayrou, invité de “Bourdin 2012″ sur BFM-TV le 17 avril, remontait quant à lui au début des années 1980 :

En 1981 le pays avait beaucoup de réserves : Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre avaient laissé un pays sans dette.

Le candidat du MoDem ne semble pas s’appuyer sur les mêmes données que l’Insee, dont les tableaux décrivent une réalité complètement différente.

Pour l’Insee le “déficit public” correspond au besoin de financement des administrations publiques. Ces dernières étaient en situation de capacité de financement en 1974 (+0,31 % de solde budgétaire) – année d’arrivée au pouvoir de Valérie Giscard d’Estaing. Entre 1974 et 1981, la France s’est trouvée en situation continuelle de déficit budgétaire, de sorte que la dette des administrations publiques au sens de Maastricht représentait 21 % du Produit intérieur brut (PIB) en 1981, comme le notait un rapport d’information du Sénat publié le 9 juin 1999.
Valéry Giscard d’Estaing et Raymond Barre (Premier ministre de 1976 à 1981) n’ont donc pas laissé “un pays sans dette”, mais un pays, où, au contraire, la dette s’est aggravée.

François Hollande prend l’Italie pour l’Espagne

Invité de la deuxième soirée “Des paroles et des actes” de France 2 le 11 avril dernier, le candidat socialiste a rapporté avec attention la situation financière de nos voisins latins :

La crise de la zone (euro) frappe l’Espagne et l’Italie, où les taux d’intérêts ont augmenté.

C’est ce qui s’appelle un 50-50 ou un mélange des genres. L’OCDE publie en effet tous les mois le niveau des taux d’intérêt de ses pays membres. Pour l’Espagne, François Hollande est à peu près juste : les taux d’intérêts s’élevaient à 5,40 % en janvier 2012, 5,11 % en février et 5,16 % en mars. L’Espagne a donc bien vu ses taux d’intérêt augmenter sur les deux derniers mois. Ce qui n’est pas le cas de l’Italie : les taux d’intérêt passent de 6,54 % en janvier 2012 à 5,55 % en février et 5,05 % en mars 2012.


Les vérifications des interventions sont réalisées par l’équipe du Véritomètre : Sylvain Lapoix, Nicolas Patte, Pierre Leibovici, Grégoire Normand et Marie Coussin.
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Illustrations par l’équipe design d’Owni /-)

  1. L’équipe du Véritomètre a fixé des seuils de tolérance pour l’évaluation des chiffres des candidats : si la marge d’erreur entre le chiffre évoqué par le candidat et la donnée officielle disponible est comprise entre 0 et 5 %, nous considérons la citation comme “correcte” ; si la marge est entre 5 et 10 % on la qualifiera d’”imprécise”, enfin si la marge est de plus de 10% nous l’évaluerons comme “incorrecte” []

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